litterature quand tu nous tiens...

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jethro
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Re: litterature quand tu nous tiens...

Message par jethro »

Ah super " la petite Mimi " ! Tout à fait dans l'esprit des chansons du début du conflit.
36seb a écrit : c'était très orienté anarchiste.
J'ai trouvé ça trop politisé pour un concert.
Oui je suis d'accord avec toi, je n'aime pas me sentir pris en otage d'un propos trop politique, encore moins dans un concert...

Mais ces chansons doivent absolument être remises dans leur contexte, c'était le cri de révolte de gars qui n'avaient que ça pour s'exprimer, et qui n’étaient en grande majorité pas politisés.

Ils se révoltaient contre leurs supérieurs déconnectés de la réalité, qui les envoyaient au casse-pipe sans état d'âme, tout ça parce qu'un obscur rond de cuir dans un bureau avait décidé que tel endroit avait une importance stratégique capitale.

Et quand ils étaient en permission à l'arrière, ils étaient traités en pestiférés, on s'écartait d'eux sur leur passage, on les disait bourrés en permanence, pleins de poux, sales ... Et ils voyaient les gens suivre leur petites vies et faire leurs petits business comme si de rien n'était. Ces gens même pour qui ils se battaient ! Y avait de quoi choper les glandes !

J'ai lu pas mal d'écrits de Poilus et ces deux éléments ressortent énormément, alors qu'au contraire il n'y a quasiment pas de propos politiques, et les plus politisés étaient très mal vus dans les tranchées, et souvent ostracisés.

Merci pour l'article il est vraiment passionnant !

:)
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36seb
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Re: litterature quand tu nous tiens...

Message par 36seb »

Les poilus avaient de bonnes raisons de s'exprimer ainsi.
Qu'on reprenne ça à son compte maintenant en faisant quelques saillies sur les politiques actuels me parait hors de propos.
Et presque irrespectueux.
Alors qu'en terme de mémoire, un peu d'humilité s'impose face à ce qui a été vécu dans les tranchées.
A côté de ça c'était bien joué et bien chanté par quelqu'un qui avait manifestement travaillé son sujet en profondeur.

En plus joyeux, il y a le spectacle de Doudou Cuillerer "sauve qui peut soldat courageux" dont les textes sont extraits ou inspirés de lettres d'un poilu, poète à ses heures.

https://www.youtube.com/watch?v=A5DktzwphKU[/video]
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caribou
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Re: litterature quand tu nous tiens...

Message par caribou »

Pour revenir sur la littérature et à propos de 14-18, il y a un grand classique que je relis régulièrement, A l'Ouest rien de nouveau d'Erich Maria Remarque. Une vraie merveille, et du point de vue Allemand (qui n'était pas bien différent du français).
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stephane isiar
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Re: litterature quand tu nous tiens...

Message par stephane isiar »

oui la comparaison entre 'a l'ouest rien de nouveau' et 'les 'croix de bois' de Dorgeles confirme la même détresse et les mêmes expédients des deux cotés
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caribou
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Re: litterature quand tu nous tiens...

Message par caribou »

stephane isiar a écrit : confirme la même détresse et les mêmes expédients des deux cotés
Et notamment le même décalage entre les soldats en permission qui se retrouve au milieu des civils et des "embusqués" et qui vivent un tel décalage qu'ils finissent par... avoir envie de retourner au front... (je précise pour ceux qui ne l'auraient pas lu qu'A l'Ouest rien de nouveau est plutôt franchement anti-militariste).
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Re: litterature quand tu nous tiens...

Message par jethro »

36seb a écrit : Qu'on reprenne ça à son compte maintenant en faisant quelques saillies sur les politiques actuels me parait hors de propos.
Et presque irrespectueux.
Totalement irrespectueux même, de mon point de vue.
stephane isiar a écrit :oui la comparaison entre 'a l'ouest rien de nouveau' et 'les 'croix de bois' de Dorgeles confirme la même détresse et les mêmes expédients des deux cotés
Oui il n'y avait que la couleur de l'uniforme qui changeait ... les passages les plus touchants sont ceux des fraternisations autour des points d'eau.
Ce sont deux de mes livres préférés sur le sujet.

Dans un registre pas du tout anti-militariste, il y a aussi " Ceux de 14 " de Maurice Genevoix qui est passionnant, et du point de vue d'un officier.

Moins connu, "Mémoires d'un poilu breton" d'Ambroise Harel, donne aussi un point de vue différent; absolument pas anti-militariste, au contraire, l'auteur était un agriculteur et pas une grande plume comme les auteurs précédemment évoqués.
C'est le point de vue d'un homme qui fait son devoir, pas un mot plus haut que l'autre sur la hiérarchie, et quelques piques pour les anti-militaristes justement, qualifiés de " défaitistes ".
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Re: litterature quand tu nous tiens...

Message par 36seb »

Agricol Perdiguier est un type fascinant qui a écrit entre autres "les mémoires d'un Compagnon" que j'ai lu cet été.
Ecrit (et très très bien) en 1852, le style est facile à lire mais avec une richesse de vocabulaire pas piquée des hannetons.
Témoignage sur son époque et le Compagnonnage, c'est à la fois intéressant et instructif.
Quelques longueurs parfois sur les descriptions mais à cette époque là, on prenait le temps.

Ce livre est en plus (pour le m^me prix, c'est donné), un livre de philosophie, de politique, de management, etc...
Agricol Perdiguier a été député, libraire, menuisier évidemment. Comme Compagnon il est passé pour tous les échelons : du plus modeste apprenti au Dignitaire de sa Société (à Lyon). Il a ainsi travaillé pour de multiples patrons (des bons et des mauvais), puis il a lui même été dirigeant d'une institution. Véritable humaniste, il était pote avec V Hugo, Georges Sand, Lamartine, entre autres.

Bref, je conseille fortement.

Un petit extrait qui m'a bien plu.

"Soyez sages ! ... Ne vous laissez jamais entraîner par l'esprit de parti, par des animosités, des haines aveugles qui dégénèrent en barbarie. Ayez une opinion, une idée, un sentiment politique ; aimez une forme de gouvernement quelconque ; désirez le bien comme vous le comprenez ; mais désirez le pour tous, sans exception, pour vos adversaires comme pour vous-même, comme pour vos enfants. Ne cherchez jamais à imposer par la force ce qui doit être l'oeuvre du temps, de la persuasion, de la liberté. Respect à la conscience, à la foi de l'homme, de tous vos semblables. Soyez tolérants, soyez justes, soyez humains ! La cause du peuple y gagnera et vous y trouverez votre profit."
Modifié en dernier par 36seb le mar. 28 août 2018 22:07, modifié 1 fois.
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Re: litterature quand tu nous tiens...

Message par 36seb »

deuxième extrait ;)

Mémoires d'un Compagnon. Agricol Perdiguier. Extrait N°2.

"Dans une Société de compagnons comme dans toute autre, il faut que les bons exemples partent du haut." ... "Il faut exiger l'exactitude, il faut que chacun fasse son devoir, il ne faut pas tolérer le relâchement. Il faut se méfier de ces paroles banales qu'aucun fait ne suit et qui font mépriser l'autorité de la loi. Il faut l'action du bien contre le mal ; il faut être intrépide contre le vice ; il faut le repousser, l'écraser, l'extirper ; sans quoi il s'élargit, s'étend, devient formidable, s'empare de l'autorité, du gouvernement, et, alors, tout est perdu : car il décompose énerve, corrompt, empoisonne, met à néant les Sociétés, à moins que d'heureuses révolutions ne viennent les violenter, les purifier, leur inculquer un nouvel esprit, leur infiltrer un nouveau sang, les faire remonter de la mort à la vie."

...

"Ce que je dis ici est vrai pour les Sociétés d'ouvriers, il ne l'est pas moins pour les empires, pour les républiques. Les sophistes sans moralité sont partout des pestes. Plus leur influence est grande, plus en outre est grand le nombre d'hommes sur lesquels leur autorité s'exerce, plus aussi leur action amène de tiraillement, d’anarchie, de ruine."

1852
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