Le Luthier et l'apothicaire
Posté : dim. 10 mai 2009 22:02
Vu dans Courrier International n°965 rubrique Science...
je sais pas trop si on a le droit de poster un article de journal... mais je tente quand même... c'est très intéressant, et achetez le courrier international (comme çà je fais de la pub, c'est moins grave) j'ai peut être loupé un ou deux accents... mais j'ai pas assez de touches sur mon clavier....Chimie Le Luthier et l'apothicaire
Un biochimiste hongrois, musicien à ses heures, affirme avoir percé le mystère de la qualité acoustique toute particulière des stradivarius.
Les chercheurs ont élucidé comment vibraient la table et la caisse de résonance des violons, mais ils n'ont pas pu découvrir comment ont devait s'y prendre pour fabriquer un violon moderne de la qualité d'un stradivarius."
Ces mots sont du Hongrois Joznef Nagyvari, qui a quitté la la Hongrie en 1956 et qui a poursuivi ses études en Suisse et à Londres avant de passer une dizaine d'année en Italie, où il a soutenu sa thèse au début des années 1970 tout en apprenant le métier de luthier.
C'est lors d'un passage a Zurich qu'il a l'occasion de jouer du violon qui avait appartenu à Albert Einstein. le secret de Stradivari commence alors à l'intéresser. Comment expliquer la qualité sonore de ses instruments? Dans les années 1980, il réussit à obtenir des échantillons de bois verni d'instruments confectionnés par Stradivari et par l'autre immortel de Cremone, Guiseppe Guarneri de Gesù. En analysant ces prélèvements au microscope électronique, Il fait une découverte étonnante: la présence de substances minérales, particules et cristaux, dont la fabrication est encore aujourd'hui un véritable défi technique.
Il émet aussi l'hypothèse que les harmoniques aiguës qui accompagnent l'incomparable sonorité grave des violons de Stradivari ou de Guarnerie sont dus a une intervention chimique aux effets extraordinairement durcissants.En 2005, la Société japonaise de physique couronne ces découvertes de sa médaille d'or.
Nagyvàri et son équipe ont ensuite entamé l'analyse des échantillons prélevés sur un dos de violon en érable. les spectroscopies isotopiques et infrarouge montrent que les bois utilisés par Stradivari et Guarneri ont subi de forts traitements chimiques, contrairement à ceux de violons de la même période fabriqués en France et en Angleterre. Ce qui permet d'infirmer la thèse climatologique, selon laquelle la sonorité des stradivarius seraient due à la qualité extraordinaire du bois des arbres ayant connu des hivers exceptionnellement rigoureux dans les Alpes aux XVIIe et XVIII siècles.
Les Italiens ont en fait traité le bois chimiquement avec des insecticides - notamment le borax, pour ne citer que le plus connu, dont les Égyptiens s'étaient déjà servi pour les momifications. c'est ce traitement chimique qui aurait entraîné une baisse de la densité et du taux d'humidité du bois, ce qui aurait amélioré ses qualités sonores.
En conclusion de ses recherches, Jozsef Nagyvari est convaincu que Stradivari n'était pas beaucoup plus compétent que les luthiers de son époque. il semble en effet que Stradivari, Guarneri et les autres luthiers de Crémone se soient contentés de s'adresser à leur apothicaire local pour traiter leurs bois
Péter Markovics, Magyar Hirlap, Budapest