LUTHERIE AMATEUR

Madame Monsieur, bonsoir,

Après avoir cogité longtemps sur la question, je me lance et décide de refaire une beauté à une ancienne copine.
C'est ma seconde guitare fabriquée, quelques photos pour ceux qui n’étaient pas là à l'époque, et pour les autres, qui ont probablement oublié, vu l'age moyen de la population du forum




Qu'est ce qui ne va pas? Principal souci, la finition devient "poisseuse" aux points de contact. Bien visible sur la touche, et le dos du manche:




C'est pas juste sale, si je l'enlève je vire la finition. Finition qui consistant en deux couches d'époxy + tru oil.

Le problème n'est pas nouveau, ça le fait depuis le début, j'avais poncé vite fait et repassé un coup de tru oil un peu à l'arrache entre deux repets, c'est globalement désastreux:



Guitare finie en 2013, usée et abusée jusqu'en 2016 où je craque pour une Jackson, peu utilisée après ça, et sous une couverture dans l'atelier depuis 4 ou 5 ans. Bien triste condition, je la sors de là.
L'objectif est de refaire la finition, et soyons francs, même si pour une seconde réalisation c'est franchement pas mal du tout avec le recul que j'ai aujourd'hui, c'est pas au niveau de ce que j'arrive à faire ces derniers temps.

Permis les défauts passés sous silence à l'époque, même pas par honte mais parce que je ne me rendais pas vraiment compte des grossièretés:

Filet tout bouffé dans l'échancrure



Se décolle sur la corne



Alignement des mécaniques plutôt hasardeux



Globalement un ponçage douteux

Programme:

Virer la vilaine finition
Retirer 2mm d'épaisseur sur la table (le filet fait 10mm, visuellement trop gros), et au talon du manche pour rester raccord.
Remplacer le filet sur le corps
Refrettage
Revoir le galbe du manche
Approfondir le chanfrein de bidou.
Re-finition.

Elle restera verte, exactement la même recette de teinte qu'il y a 10ans, vernis brillant table et tête, rubio sur le reste.

Yapluka.

Voilà qui est courageux.

Super ! C'est très intéressant de reprendre ses premières réalisations, on voit clairement la progression. Ce qui paraissait très bien à l'époque nous paraît tout pourri aujourd'hui

Tu vas reprendre l'alignement des mécaniques ?

Mickaël a écrit : ↑lun. 22 juil. 2024 06:15Tu vas reprendre l'alignement des mécaniques ?

Oui, quand même!

Bel effort, bravo

Il reste juste le doute entre la compatibilité du rubio, sur de l’époxy. Si ça poisse c'est que la polymérisation est incomplète, car la cellulose est recouverte d'époxy, et le rubio ne peux imprégner les fibres et donc ne polymérise pas. C'est mon hypothèse.

benoit suaudeau a écrit : ↑lun. 22 juil. 2024 10:19 Il reste juste le doute entre la compatibilité du rubio, sur de l’époxy. Si ça poisse c'est que la polymérisation est incomplète, car la cellulose est recouverte d'époxy, et le rubio ne peux imprégner les fibres et donc ne polymérise pas. C'est mon hypothèse.

Sur cette première finition c'était pas du rubio, mais du tru oil.
Il est très probable que le souci vienne en effet de l'epoxy, le bidon était vieux, et les conditions d'application et de séchage loin d'être optimales.
Je dégage tout avant d'y poser la nouvelle finition.

Beau chantier !

En fait la raison pour laquelle je n'ai pas attaqué ce chantier avant, parce que ça fait un moment que j'y pense, c'est de ne pas parvenir à refaire une mise en teinte aussi glorieuse, mais là, faut se lancer, et c'est avec un peu d’appréhension que je la prépare à "l'intervention".



Ca m'émoustille quand même plus que ça habituellement de mettre de belles choses à nue.





La recette pour une guitare orange un peu douteuse, c'est tru oil sur fraké, et laisser quelques années...



Une fois les contours poncés je refais les feuillures pour le nouveau filet



J'enlève autant que la table au fond du neckpocket pour compenser




Le chanfrein de bidou, je l’avais fait relativement standard, mais je les préfères maintenant plus accueillants; Voila qui est fait.




S'en suit une révision du galbe et de la volute



Séance pleine de souvenirs olfactifs, cette table en peuplier à une odeur bien à elle, qui m'a reconnecté 2 neurones, et renvoyé sur mon balcon 10 ans en arrière au premier coup de fraise.
Pour ce qui est du fraké, j'ai travaillé un bout du même plateau il y pas si longtemps, il a toujours cette odeur de chien mouillé, voire mort; Voire mouillé et mort; Depuis 10 jours.

10 jours c'est encore supportable, enfin en intersaison.

Ola, la suite,

Hostilités direct, bouchege des trous de la loupe avec un produit miraculeux mais néanmoins proscrit, jambedechiencridechien.



La touche, défretage et mise au propre à la cale à radius, ça fait quand même pas de mal!




Pose des filets, et petit chanfrein pour pas que ça piquote le bras



Vient la mise en teinte, impensable de ne pas recréer cette glorieuse teinte qui en a fait vomir plus d'un. La même recette qu'il y a 10ans, un coup de vert pour la base



Un coup de ponçage



Et de mes notes, un coup de teinte "dilué à 30%"



Foiré, 30% de teinte, le reste de flotte, j'ai fait l'inverse. Difficile de dire si je ne sais pas lire ou si je ne sais pas écrire. La vérité doit être un savant équilibre des deux.
Reponçage.



Re-teinte, mélange correct



Et seconde passe idem



Pile comme dans mon souvenir. Parfait.
C'est beau, c'est moche, c'est vert.

Perso j'aime beaucoup le vert (ç'est la couleur de mes yeux)...

Quand la patte abois, la caravane passe.

C'est très vert, bravo !

Il faut faire le dosage à 50% pour éviter de se tromper

La patabois, ça ne se pardonne pas par contre...

Mickaël a écrit : ↑jeu. 8 août 2024 06:14La patabois, ça ne se pardonne pas par contre...

Bigre! Qui a le malheur d'utiliser cette cochonnerie? Certainement pas moi en tout cas, où tu lis ça?
Non sans rire, si ça tenais qu'à moi je laisserai les trous ouverts, j'aime bien la surface lunaire que ça offre. Le problème c'est que ça devient des nids à merde quand tu polis; il me faut une solution qui "bouche les trous, mais pas trop", et la jambedechiencridechien convient très bien à cet usage.
C'est le même process que ce que j'avais fait sur ma 30'



Promis j'en utilise pas ailleurs

De mémoire Tomate (Christophe Grellier) fait ça aussi pour boucher les pores de ses (magnifiques) guitares, des fois il faut savoir mettre l'éthique de côté pour arriver au résultat escompté

Après 6 couches de fondur, égrainage après la troisieme et remise à plat au 500 à l'eau après la sixième, il est l'heure de la sauce au rouleau



Et les rouleaux en question c'est ça

Le rouleau, ça sent le travail fin !