Retour ré-édité : un sorte de tuto.
Messagepar RomskiBoy » Jeu 26 Avr 2018 13:35
Tu perces une myriade de trous autour de la forme, puis avec une lame de scie à métaux (ou autre chose), tu relies les trous. Tu finis à la lime et tu fais l'arrondi dans la foulée. Tu peux remplacer la lime par du papier abrasif et des cales adaptées. Tout ça dans une optique d'économie.
Messagepar 36seb » Jeu 26 Avr 2018 16:14
Sinon une scie à chantourner manuelle (c'est moins cher).
Mais ça n'évitera pas la phase de limage et de ponçage pour rectifier.
Messagepar caribou » Mer 2 Mai 2018 12:02
L'epoxy n'a aucun interêt pour coller le bloc au pickguard. Pour coller du bois sur du bois on a inventé un truc extra, la colle à bois. Et pourquoi pas de la cyano si tu es pressé.
Tu te prends bien la tête pour cette plaque, ça a beau être de l'ébène, ça reste du bois et ça se travaille comme tel. La découpe tu peux facilement la faire au bocfil et les chanfreins soit au rabot, soit au racloir, soit avec une cale et de l'abrasif, tu n'as aucunement besoin de machine pour ce travail, à part une perceuse. Et franchement, le découper à la circulaire ça me parait plus dangereux qu'autre chose vu les dimensions.
Pour ce qui et de diminuer l'épaisseur, il faut le faire avant la découpe et vu que tu as donc 1,5mm à enlever, ça ne se fait pas au ponçage, ou alors avec une ponceuse calibreuse mais pas avec une orbitale, avec laquelle tu auras beaucoup de mal à avoir une surface plane.
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Après avoir beaucoup appréhendé, tergiversé, repoussé aux calendes, je me suis lancé dans la taille du finger-rest / repose-doigts.
Comme le disait avec sagesse Caribou, l’ébène, « ça reste du bois »… Malgré tout, la mise en pièces d’un plateau colonial des années arts déco, même si l’objet est assez banal, m’aurait fait de la peine si le résultat ne s’était avéré suffisamment à la hauteur de mes espérances.
L’ÉBÈNE DU REPOSE-DOIGTS
Le plateau après avoir été démonté et nettoyé à l’eau chaude d’une colle résiduelle qui, face inférieure, marouflait un tissu. Ce qui me tracassait c’était son épaisseur, trop importante d’un bon millimètre. Il fallait l’amincir pour que le nouveau repose-doigts soit proche de l’esprit de l’originel Peerless. Il semblait opportun de la réduire son par précaution (?) pour qu’elle ne tire pas trop sur les vis de fixation qui l’ancraient au manche, qu’elle ne risque pas de le détériorer à l’usage.
Gibson, de son côté, utilise sur les L5 une pièce de métal supplémentaire (un « finger rest bracket ») qui rigidifie le repose-doigts beaucoup plus large pour venir chercher l’éclisse. À cause de cet enjambement, le repose-doigts Gibson, est beaucoup plus obstruant par rapport à l’ouïe qu’il recouvre. De mon côté, je voulais rester fidèle au concept Peerless qui semblait aussi mieux laisser libre l’ouïe et ainsi permettre une meilleure projection du son. L’idée était de garder cette ouverture mais, en plus, de permettre à la table sculptée de vibrer sans amortissement.
Et puis, je trouvais la pièce « tortoise » de Gibson très disgracieuse. Goûts et couleurs…
SUPPORT PLAN ET RIGIDE
Une chute d’aggloméré, lourde de 40 mm d’épaisseur, carré de 60 x 60 cm provenant d’un évidement de plan-travail pour pose d’évier, m’a servi de support pour maintenir le bois parfaitement à plat sur l’établi…
Pour amincir l’ébène, je l’ai disposée à l’envers sur ce support, fixée à l’aide d’un adhésif double face sur toute sa surface, de façon à ce que son dos, la partie la moins belle, soit présenté au rabot.
LE RABOT : NOOOOOOON !
Surtout ne pas prendre le rabot. En tout cas prohiber l’électrique premier prix qui me sert à raboter les volets ou les portes. Ça a failli mal tourner dès le départ : même avec une lame neuve, même avec un réglage au minimum du dépassement de la lame, même en ayant pris soin d’aligner mon geste sur la fibre du bois, j’ai entamé violemment l’ébène et déchiré sa fibre sur quelques centimètres. Le bruit de l’attaque au rabot a été horrible. Les grands clacks ont fait reculer l’outil comme une arme de poing qui tire du gros calibre… J’ai tout arrêté dans l’instant : J’avais juste une entame près du bord et il restait heureusement assez de matière pour rattraper et dessiner les deux repose-doigts programmés. Le deuxième repose-doigts avait été prévu pour pallier de tels accidents !
PONCEUSE, DONC :
Je n’ai pas de ponceuse calibreuse comme il m’avait été conseillé sur le forum. Il fallait bien que je trouve un autre biais. Comme on l’avait prévenu, la ponceuse orbitale n’est pas intéressante. J’ai donc passé une bonne heure et demi à poncer avec une vibrante. J’avais un peu mouillé le bois comme il s’était dit aussi, essayé différents abrasifs. Par prudence, j’ai commencé au 240. Je suis vite passé au 240 puis 180 qui attaquaient mieux la matière sans pour autant massacrer le bois.
MESURES
Difficile de jauger la diminution de l’épaisseur au pied à coulisse ! Cela s’est fait au jugé du noircissement de la terrasse sur lequel j’avais installé l’établi et… à aux cris de ma compagne qui avait peur de l’ancrage/encrage noir. Plus sérieusement je vérifiais la planéité au réglet métallique en visant les jours qu’is laissait au contact de l’ébène. Je me permis toutefois d’improviser une diminution progressive de l’épaisseur qui resterait plus conséquente du côté adjacent aux cordes.
DÉCOLLEMENT DU SUPPORT
Le double face peut-être une colle redoutable. J’avais peur d’avoir pas trop aminci l’ébène ; je la maintenais du plat d’une main à plat et repoussais au couteau à enduire le double face qui roulait pris en elle et l’aggloméré. Peu à peu elle se soulevait.
NOUVEAU SUPPORT MARTYRE ET PATRON
Pour la découpe, je choisis un nouveau support, du médium en 3 mm d’épaisseur, assez fin pour le chantourner à la scie sauteuse, parfaitement plat et assez rigide (mieux que l’isorel), tendre à couper. Comme pour le support du ponçage, j’ai posé plusieurs bandes d’adhésif double-face, parallèles et jointes sans chevauchement sur la surface martyre. Puis j’ai plaqué l’ébène. De la même façon, j’ai collé par dessus un patron imprimé sur une feuille de papier A4. J’ai vérifié le sens du collage en le présentant à côté de la guitare, histoire de ne pas produire un repose-doigt pour gaucher.
DÉCOUPE À LA SCIE SAUTEUSE
La lame de scie avait été changée. Celle choisie était donnée pour des coupes fines en bois durs. J’ai essayé dans un coin ; la découpe paraissait propre. Sans appréhension, j’ai attaqué. J’ai suivi le dessin du repose-doigts en gardant pour marge la ligne de contour du côté à préserver. Je parvenais à être assez facilement précis pour laisser moins d’un demi-millimètre. Étonnamment facile, la découpe de l’ébène s’avère nette, franche, sans éclats ni arrachage peut-être à cause du sandwich qui correspond au scotch que l’on tend sur les traits de coupe des planches.
DÉCOUPE DE L’ÉVIDEMENT POUR LE MICRO
Pour les arrondis des angles du créneau pour micro, j’ai utilisé une mini-perceuse et une mèche de Ø4mm pour deux trous aux deux angles rentrants. Puis de nouveau la scie sauteuse pour relier les trous entre eux et les trous au bord rectiligne. J’ai terminé à la lime à main et avec une lime à ongle papier.
DÉCOLLEMENT.
Je l’ai opéré de la même façon que j’avais effectué le décollement du plan travail. J’ai commencé par décoller le patron, puis le support.
FORMES DROITES ET ADOUCIES :
Les deux côtés les plus longs ont été traités parfaitement rectilignes. La planche-chute de plan travail a été de nouveau choisie et préparée au double face pour recevoir le papier de verre (240) tendu parfaitement plat. J’utilise cette méthode pour diminuer la hauteur des sillets en os. L’ébène est bien plus tendre. Je l’ai présentée perpendiculairement pour une lente érosion en l’appuyant régulièrement et en m’obligeant à de fréquents contrôles de rectitude par utilisation du réglet métallique.
On a tendance à produire une légère inflexion aux extrémités. pour éviter ça je frottais la pièce en travers du papier abrasif moins large qu’elle, laissant déborder les parties extrêmes qui frottaient donc moins sur lui.
Pour les arrondis des bords, le ponçage m’a permis une finition en quart de rond, à l’œil, pour des formes plus « sculptées », assorties à celles du cordier.
La partie prévue concave pour le passage des doigts aux aigus est laissée momentanément peu travaillée. Elle sera affinée à la mini perceuse montée d’un rouleau à ponçage, mais seulement après le collage de la cale et un séchage complet de l’assemblage.
CALE ET PRÉSENTATION DU REPOSE-DOIGTS
La cale était déjà prête. Je l’ai d’abord vissée au manche par les deux vis qui maintiennent la patte inférieure du micro flottant.
Je n’ai pas rebouché les trous de vissage qui ont été faits dans la table lors de la production de la Peerless. Aurais-je du ?
Le repose doigt a été présenté. Léger ré-ajustage à la lime à ongle pour ouvrir un peu au niveau du micro, repérage de la juxtaposition à la cale avec une marque au crayon gris, démonte de la cale et colle à bois. Rassurant, la colle à bois a semblé pénétrer dans la fibre et s’épaissir dès qu’elle a été étalée à l’aide du bout de carton. Sa viscosité me laissait malgré tout le temps pour parfaitement positionner les pièces et je m’aidais en les présentant perpendiculairement au carreau de la fenêtre pour les aligner. La précision était de rigueur car le repose doigts doit être parfaitement parallèle aux cordes de la guitare.
Par la suite les pièces ont été maintenues vingt-quatre par de mini pinces-serre-joints. J’estimais que ce devait être un minimum.
FINITION DU PASSE-DOIGTS :
Je voulais que la courbure du repose-doigt s’accorde à celle du cut de la caisse. Il fallait aussi que les vis soient cachés… J’ai fini à la mini perceuse équipée d’un dispositif à poncer (rouleau de papier verre).
VISSAGE TERMINAL :
Les vis ont été serrées dans le manche et je les ai faites pénétrer de 1,5mm supplémentaire par rapport aux anciennes qui maintenaient le micro ; pas plus. Pour cela j’ai garanti l’opération par un avant trou à l’aide d’une mèche Ø1,5 pour des vis de 2,2. J’ai utilisé une mèche de mini perceuse mais, à la main, en la montant sur un mince porte-lame de tournevis. Le travail à la main me semblait préférable pour ne prendre aucun risque vis à vis de la table de guitare. Je doublais cette précaution par l’utilisation d’un tissu interposé entre elle et ma main qui tenait l’outil.
RÉSULTAT :
Le repose doigt est fixé à 6mm au dessous de la corde de mi aigu. Il laisse par ailleurs un espace conséquent entre lui et la table qui peut maintenant vibrer à son aise.
La pièce, bien qu’assez souple parait solide. La rigidité du montage devrait même générer une fréquence d’écho (?) favorable à la richesse du son (Je rêve !).
Les micro-potentiomètres sont collés au double face dissimulés sous le repose doigt. Ils ne risque plus d’accrocher le jeu de la main ou l’arrachage comme l’ancien trop proéminent. Design allégé.
L’électronique complétée (condensateur filtre de « tone » et « treble bleed » ont été rajoutés en « montage volant ». Ils sont dissimulés sous l’ébène. le câblage demeure quasi invisible, maintenu par des scotches.
J’envisage toutefois une pièce Gibson ou bricolée dans une mince tringle à rideau que je dorerai par électrolyse et qui reliera éventuellement à l’éclisse. Mais seulement, si à l’usage si l’assemblage prend du jeu et nécessite cet autre point de fixation.
Une pièce d’ébène a été rajoutée pour masquer la patte supérieure dorée du micro…
Ça sonne ! Je m’arrête donc là…
