Après 3 ou 4 ans d'attente chez moi, je ne sais pas combien d'années de stockage chez Guitare & Ko (magasin à Rennes) et d'inactivité, il était temps de retaper cette vieille mandoline Bocari (marque qui témoigne de sa fabrication à Mirecourt, capitale de la lutherie française) qui doit dater autour de 1905 à 1930 (source de recherche : http://www.luthiers-mirecourt.com). Un peu comme le projet d'Alain
Quelques fissures importantes sur la table en épicéa massif (des Vosges probablement), le dos plaqué de palissandre est cassé en deux (un 3e morceau manque) et s'est décollé très facilement des éclisses (elles en palissandre massif). Contre-éclisses vermoulues. Une rosace faites de filets qui menaçait de s'effondrer, un "écu" en écaille incrusté de nacres en bon état mais bourré de craquelures, quelques morceaux de nacres manquants. Contour de la table incrusté d'ébène et de nacre, la nacre étant manquante. Des mécaniques rouillées, à boutons d'os fendus voire cassés, tête fendu à cause des vis, touche palissandre en relativement bon état. Cordier oxydé, fendu mais réutilisable, chevalet manquant évidemment.
(ces photos ont été prises après un premier travail de ponçage (la teinte de la tête et du manche était noire) et de flipotage de la table (on peut deviner les fissures qui étaient présentes grâce au décalage de teinte entre la table et les flipots)
Au programme :
J'annonce, je n'ai pas fait une restauration dans les règles de l'art (oups :siffle: je crois que les adeptes de la restauration classique vont me tomber dessus :aie:
), je devrais utiliser de la colle animale par exemple, je vais rester à la Titebond, entre autres choses. J'ai tout de même respecter l'esthétique initiale de la mandoline au maximum de mes capacités, le but étant de ne pas manquer de respect au travail de fabrication qui a été fait mais aussi de faire revivre un instrument qui était destiné à la poubelle ou à la cheminée et d'en jouer.ETIQUETTE : conservation de l'étiquette d'origine (décollage et nettoyage à l'eau chaude), recollage sur du papier craft pour assembler les morceaux déchirés
TABLE : bouchage des fissures de la table avec flipots collés à la cyano, renforts sous la table pour stopper toute propagation de fissure existante et renfort supplémentaire sous la rosace en red cedar. Incrustation de bois clair (exotique) autour de la table pour remplacer la nacre, rebouchage des petites imperfections de l'incrustation de nacre sur l'écu (avec de la nacre et un peu d'époxy)
DOS : fabrication complète d'un nouveau dos avec les chutes de bois qui trainent (noyer et palissandre) réutilisation des barrages d'origine après ponçage.
ECLISSES : nouveau profilage pour moins bomber le dos qui serait trop compliqué à coller avec mes moyens, nouvelles contre-éclisses à faire en conséquence (en épicéa). J'ai fait les entailles de contre-éclisse avec la scie à frette de chez stew et sa butée de profondeur, nickel!
Tête et manche et accastillage : recollage de la partie fendue de la tête, dégrippage et remise en état des mécaniques, du cordier (lime, abrasif, laine d'acier), du sillet de tête en os. Fabrication d'un chevalet en palissandre.
Ponçage global, teinte, vernis (PU!!
), laine d'acier, montage, réglage, apprendre à jouer...
Comme d'hab je suis assez synthétique, veuillez m'en excuser, si vous avez des questions n'hésitez pas. Pour résumer, j'en suis bien content de cette mando, elle sonne du tonner et elle a un petit look old school que j'adore : bilan très positif donc.
